Contexte et objectifs
L'auteur cherche à quantifier les incertitudes observationnelles sur l’élévation passée et future du niveau de la mer à partir des niveaux moyens mensuelles calculés à partir des observations marégraphiques de Marseille et Brest, couvrant la période 1885–2022. L'article vise à comprendre comment les choix de corrections et de périodes d’analyse influencent l’estimation des tendances et accélérations locales du niveau marin, ainsi qu’à proposer des projections jusqu’à la fin du XXIᵉ siècle.
Méthodologie
L'auteur a réalisé trois étapes :
- Remplissage des lacunes de données : recours à des niveaux moyens de la mer calculés à partir des observations issues des marégraphes voisins via un modèle combiné sans altérer les tendances originales ;
- Corrections appliquées : effet inverse baromètre et composantes périodiques pour isoler la variabilité réelle du niveau relatif de la mer ;
- Exploration systématique : génération de toutes les sous-séries temporelles (de 20 ans à la période totale), ajustements linéaires et quadratiques de chaque série.
Ces étapes permettent d’évaluer l’impact des choix de traitement sur l’estimation des paramètres de tendance et d’incertitude, et de tester la pertinence des modèles de régression retenus.

Principaux résultats
Les principaux résultats de cet article sont :
- Les schémas de correction réduisent significativement les incertitudes sur les paramètres estimés, et leur comparaison indique une corrélation entre les tendances marines et l’oscillation nord-atlantique (NAO) dans les deux ports ;
- Le modèle quadratique capture mieux la variabilité que le modèle linéaire ;
- À Marseille, le niveau de la mer a connu :
- une augmentation quasi linéaire ~ +4 mm/an avant la baisse d’après la seconde guerre mondiale ;
- une décroissance ~ –2 mm/an pendant l’événement ;
- une reprise à ~ +3 mm/an après la WW2.
- À Brest, aucun événement de cette ampleur n’a été observé sur la même période.
Projections futures
L'auteur explique pour les projections futures que :
- La cohérence avec les projections du GIEC n’est obtenue que pour des longueurs d’interpolation d’environ 60 ans ;
- Sur cette base, une élévation additionnelle de l'ordre d'environ 20 cm est attendue d’ici 2050 ;
- Le seuil de +50 cm sera probablement atteint avant la fin du XXIᵉ siècle, à la fois à Brest et à Marseille.
Conclusions et perspectives
L’article souligne l’importance du choix des corrections et de la longueur des séries temporelles pour réduire les incertitudes dans l’estimation et la projection du niveau de la mer. Il propose un protocole systématique d’analyse qui peut être étendu à d’autres marégraphes ou régions côtières.
Dans les perspectives l'auteur propose :
- comparer ces résultats avec les projections multi-modèles océan–glace du GIEC AR6 ;
- intégrer des scénarios locaux de subsidence ou de soulèvement côtier ;
- étendre l’analyse à des cycles océaniques plus longs comme l'Oscillation Multidécennale de l’Atlantique (AMO), l'Oscillation Décennale du Pacifique (PDO).
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