Contexte
Le projet de reconstruction des observations historiques du niveau de la mer mesurées au port de Cherbourg, débuté au mois de mars 2024, a pour objectif de passer de la donnée en format papier à une série temporelle d'observation du niveau de la mer et prolonger la série d'observation déjà existante. Ce projet est financé par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) du Ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des Risques.
Ce projet s'intègre aux activités de data Archaelogy mis en place au Shom au début des années 2010. En effet, de par son histoire, le Shom dispose d'un important patrimoine technique et historique dans le domaine de la marée remontant au début du 19ème siècle. Pour autant, d'autres centres d'archives conservent également les mesures passées du niveau de la mer.
Comment rechercher des informations marégraphiques anciennes ?
Le Shom a acquis une expérience unique dans la recherche d'informations marégraphiques historiques. Cette recherche peut être rendue complexe du fait de l'évolution, par exemple, de la lexicologie exprimant la mesure du niveau de la mer. Ainsi, le flux et reflux de la mer est le terme généralement usité jusqu'au début du XVIIIe siècle. Le remplacement se fait progressivement avec l'introduction par Chazallon de l'instrument mécanique mesurant en continu le niveau de la mer. Les mesures deviennent maréographiques puis marégraphiques. Cherbourg est une exception, car un appareil singulier est mis en place dans le port dès le début du XVIIIe siècle : l'hydromètre. Cet instrument et l'observatoire l'accueillant sera détaillé au cours des prochains mois.
Prospection de plusieurs centres d'archives au département de la Manche
L’équipe de data Archaeology du Shom s’est rendue, du 22 au 25 octobre 2024, dans 3 centres archives se trouvant au département de la Manche :
- archives départementales de la Manche à Saint-Lô
- archives municipales de Cherbourg
- service historique de la défense (SHD) à Cherbourg.
L'objectif de cette mission était de trouver des données marégraphiques et des informations contextuelles des observatoires de marée, les prendre en photographie, et exploiter toutes les informations de retour au Shom.
De la prospection des fonds d'archives à la découverte de trésors inédits
Les plus belles découvertes ont été faites au Service historique de la défense de Cherbourg grâce au concours du personnel qui a grandement facilité la prospection de plusieurs fonds d'archives. Parmi les documents :
- des lettres de correspondance signées Chazallon (ingénieur hydrographe créateur du Service des marées et initiateur entre-autre du premier réseau marégraphique français au milieu du XIXeme Siècle, Lallemand (création du Service du Nivellement général de la France), Rollet de l’Isle (ingénieur hydrographe), des lettres citant Beautemps-Beaupré (père de l'hydrographie moderne) et même des documents à l’attention de Napoléon Ier
- des données marégraphiques inédites datant de 1792 ainsi que 40 ans d’observations continues de pleine et basses mers de 1802 à 1847
Les données marégraphiques, une mesure physique permettant d'appréhender les effets du changement climatique
Une note a été retrouvée sur le dessus d'un carton contenant des archives marégraphiques. Sur cette note est inscrit que les observations des marées sont « sans intérêt [...] et classés au grenier ». Aujourd’hui ces données sont très précieuses du fait de leur caractère unique et de leur non reproductibilité au cours du temps. Dans chaque mesure du niveau de la mer, on retrouve les effets de la marée océanique (prédictibles grâce aux outils développés au Shom) mais aussi tous les autres effets l'impactant, notamment météorologique (effets de la pression atmosphérique principalement, effets dus aux tempêtes, etc.), géologique (tremblement de terre générant un tsunami, mouvements verticaux de la croûte terrestre – isostasie) et augmentation du niveau de la mer liée au changement climatique. Le travail de reconstruction de cette série marégraphique devrait permettre, à terme, de compléter la série marégraphique en cours en l'étendant dans le passé avec les données nouvellement découvertes. La nouvelle série sera utile pour de nombreuses applications, comme étudier l’effet du changement climatique sur l’évolution du niveau de la mer.
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